EXPOSITION

Lundi 16 Mai à 18 heures
Vernissage de l’exposition

« Une île »

Emilie Picard

Dans le cadre de l’exposition collective
L’Art renouvelle le Lycée, le Collège, la Ville, l’Université

« Le Monstre dans l’Imaginaire Contemporain ou la Beauté fascinante du difforme »

Entrée libre et gratuite
Un apéritif sera offert pour l’occasion

Emilie PICARD

« Une île » (Maison de la Corse)

La maison de la Corse se prête volontiers au jeu de l’art insulaire. Mais ici, l’île n’est pas celle que l’on attend: Spinalonga, dernière léproserie d’Europe, la tragédie grecque y trouve son décor, unité de lieu où l’horreur séculaire condamna des centaines de lépreux jusqu’en 1957.

L’exposition ne cache pas sa source, elle prend corps dans le film de Jean Daniel Pollet, L’ordre, film documentaire de 1974 qui donne une visibilité au lépreux à travers le témoignage de Raimondarkis.

Quand devient-on lépreux? Non pas en contractant la maladie mais lorsqu’elle se voit. C’est le regard de l’autre qui dessine les pourtours d’une ligne immunitaire et la peur comme les préjugés demeurent aujourd’hui même si l’on sais l’endémie curable.

Les lésions cutanées de la lèpre entraînent altérations monstrueuses, dégénérescence du corps, désordre du visage. On tient pour monstrueux le corps extrême, celui à l’écart de la norme. Un visage où la symétrie est altéré créée le malaise et de ce dernier naît la déclassification du malade.

Ces visages de l’ombre, visages outragés ont pourtant la puissance rocheuse et le relief d’un paysage arbitraire.

Les paysages de Spinalonga, aujourd’hui surfaces de projection bucolique sont à l’image et à la mémoire de ces malades anonymes, dépositaires d’une beauté qui le dispute à la ruine. Comme dans le film, l’exposition donnera une visibilité majoritaire à ces paysages comme reflet d’un temps révolu aux fondations toujours debout.

La curiosité malsaine que fait naître ces corps lépreux, a priori monstrueux, ne trouvera ici aucune satisfaction. Leurs portraits, exposés en vitrine, affligés d’une double défiguration par le pli, ne rendra leur lisibilité que plus fragmentaire. Leur système de monstration suit le schéma d’isolement auquel ils furent soumis sur l’île (déformation, enfermements, frontière transparente mais tangible).

Seul Raimondarkis, porte parole de la communauté, lui même enfermé 36 ans sur l’île, échappera à cette mise à distance par strates successives, imposant ses traits au monde comme il a su le faire de sa parole. Canonisé par Jean Daniel Pollet, il est le visage de cette exposition. Une exposition qui cherche à travers les moyens plastiques de la peinture et du dessin à traduire les mots qui lui sont enlevés.

Emilie Picard, 2011

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